Arts et traditions Maoris

Publié le par Lucie P

"Les oeuvres d'art des Maoris ne se résument pas à leur beauté, elles témoignent également de leur structure sociale, de leurs coyances et de leur histoire."

Aves l'esthétique "classique" des Maoris de Nouvelle-Zélande, les arts du Pacifique ont atteint un sommet. Par la diversité de ses styles et l'habileté technique de ses créateurs, elle a produit des objets d'une beauté imtemporelle. Mais pour mieux apprécier cette réussite, il est intéressant de connaître les matériaux utilisés, les techniques élaborées, le symbolisme des oeuvres et le contexte social, économique et religieux qui les a inspirées.

Au coeur de l'art et de l'artisanat, il y a d'abrd le bois, la pierre, l'os, les végétaux, les plumes, les pigments d'argile et autres matériaux naturels mis en oeuvre par des techniciens virtuoses. A commencer par la sculpture du bois: les pirogues, les granges, les ustensiles domestiques ou de travail sont tous taillés dans le bois.

Les objets maoris se classent en 3 catégories. La première concerne les objets communautaires, comme la pirogue de guerre. La deuxième comprend les ustensiles privés - parures, peignes, instruments de musiques et tatouages. Les outils du sculpteur, les hameçons du pêcheur, les pièges et armes du chasseur sont fabriqués par leur utilisateur et relèvent donc de cette catégorie. La troisième englobe les objets rituels placés sous la garde des tohunga (prêtres) et employés dans les cérémonies où les Maoris entrent en communication avec leurs dieux et leurs esprits ancestraux. Un simple bâton à creuser peut ainsi se métamorphoser en une forme rituelle sophistiquée.

On distingue 4 périodes: archaïque, classique, historique et moderne. Les Maoris archaïques, descendants directs des Polynésiens, survivent par la chasse, la cueillette et la pêche. Leur art se caractérise par des formes austères dont certaines surpassent par leur pureté tout ce qui a été fait depuis.

Avec le temps, la culture de la kumara (patate douce), entre autres, ainsi que la capacité à exploiter toutes les ressources naturelles de la forêt et de la mer instaurent un mode de vie villageois. Puis survient l'âge classique, avec ses surplus alimentaires, son système tribal hautement organisé et ses frontières territoriales. Des artistes à part entière émergent alors dans chacune des communautés.

Durant la période historique, l'art maori doit s'adapter à une série de changements aussi divers que l'adoption du christianisme, des mousquets et des canons, des outils en métal, des tissus européens et de cultures nouvelles. A partir de 1800, les guerres se font particulièrement dévastatrices lorsque les premières tribus à détenir des mousquets attaquent leurs ennemis traditionnels uniquement armés de massues et de lances. Devenus indéfendables, les pa (villages fortifiés) sont abandonnés et les grades pirogues de guerre tombent en désuétude avec l'apparition des armes à feu.

La période moderne débute avant 1900 et se poursuit jusquà nos jours. Durant ces dernières décennies, la montée de l'intérêt pour la maori-tanga (culture maori) coïncide avec sa renaissance. Au début du XXème siècle, de grandes figurescomme Sir Apirana Ngata et Sir Peter Buck (Te Rangi Hiroa) se font les avocats de l'étude et du renouveau de l'art maori. La maison des réunions jouera à merveille son rôle de diffusion.

La société maorie traditionnelle: La société comme les arts reposaient sur des chefs de guerriers qui avaient pour charge héréditaire de veiller aux affaires tribales. Ce sont eux les mieux habillés, les plus décorés: leur mana (prestige) dépend de leur personne et de leur apparence.

Un guerrier en tenue ne se présente jamais sans ses armes: une ocurte massue passée sous sa ceinture, et une plus longue à la main. Les armes demeurent toujours à portée: il faut être prêt à se défendre - une attaque sournoise et soudaine sur un ennemi sans défiance impose le respect. Les guerriers se montrent également très versés dans l'art oratoire.

La société obéit à une autocratie hiérarchisée. Les individus appatiennent à des whanau (familles élargies) qui, à leur tour, forment des hapu (sous-tribus) alliées en tribus par les liens du sang. Les arbres généalogiques remontent aux waka (pirogues ancestrales) dont les tribus portent le nom.

Il existe 2 classes, qui se recoupent dans une certaine mesure. La classe supérieure comprend les ariki (nobles) et les rangatira (chefs ou généraux). La classe inférieure se compose majoritairement de gens du tutua (peuple). Quant aux taurekareka (esclaves), ils ne détiennent aucun droit, accomplissent des corvées et servent parfois de victimes lors de sacrifices ou dès qu'un évenement particulier requiert de la chair humaine.

Les Maoris s'habillent selon leur rang, mais s'ils se livent à une tâche quotidienne, ceux des classes supérieures et inférieures portent indifféremment les mêmes vêtements. Hommes et fammes se drapent d'un pagne et, si le temps ou une cérémonie l'exigent, d'un grand châle passé sur l'épaule. Les enfants prépubères vont généralement nus. Mais une fois adultes, ils doivent cacher leur sexe.

L'art du tatouage:

Le tatouage facila indique le rang de la personne. Les tatoueurs sont bien payés. Avec des ciseaux en os d'oiseaux trempés dans un pigment charbonneux qui beuit sous la peau, on pratique sur le visage deshommes des incisions profondes et douloureuses. Les guerriers du Nord portent souvent des tatouages additionnels sur les fesses et les cuisses. Les femmes arborent de profonds tatouages surle menton et les lèvres, beuis par des peignes à aiguilles.

Les têtes momifiées témoignent de cet art remarquable. Les Maoris ramènent les têtes de leurs ennemis au village pour les bafouer, mais préservent celles de proches pour les pleurer. Grâce à un traitement à la vapeur, à la fumée et à l'huile, ellesdemeurent alors intactes, conservant chevelure, peau et dents. Par respect pour les croyances maories, les musées les exposent rarement. Les Maoris mènent actuellement campagne pour le retour des têtes momifiées détenues par les musées étrangers.

Un art dédié aux Dieux:

Si les tatoueurs et autres artistes sont généralement des prêtres respectés, issus de classes supérieures, chefs et gens du peuple honorent également l'art, et même les nobles ne dérogent pas en se tournant vers un travail créatif. Les femmes de haut rang confectionnent de belles parures, et leschefs occupent souvent leurs loisirs à sculpter une boîte ou tout autre objet.

Les artistes maoris s'appuient sur leur croyance en des dieux et des esprits ancestraux. Durant la période préchrétienne, ils sont animistes, pensant que les êtres surnaturels résident dans les élements de la nature. Hymnes et rituels sont donc nécessaires pour garantir le succès de toute entreprise.

Les individus, les objets fabriqués à la main et les éléments de la nature possèdent une force psychique appelée mana. Cette notion est essentielle à la compréhension de l'art et du comportement maoris. Le mana se traduit à de nombreux degrés différents, comme le prestige, l'influence, l'autorité et, par dessus tout, le pouvoir psychique. La présence de la mana se manifeste aussi bien dans le succès d'un guerrier lors d'une bataille, quedans l'efficacité d'un hameçon. La mana s'accroit avec le succès et diminue à la suite d'un contact impropre. Si un chef ou ses possessions sont touchés par une personne de rang inférieur, il y a alors salissure et la mana faiblit.

Dans la société traditionnelle, hommes et femmes sont séparés dans toute activités artisanales. Les premiers travaillent les matières dures (bois, os, pierre), les secondes utilisent des matières souples ou préparent les fibres de lin employées dans la fabrication de vêtements et de taniko (franges décoratives). La femme a été façonnée à partir de la terre par Tane. L'homme est une création spirituelle directe du dieu Tu. Les femmes sont tua (non sacrées), contrairement aux hommes, tapu. Ce qui les place dans une position subalterne et les exclut des hautes pratiques religieuses, des arts et des activités impliquant les dieux les plus importants et les esprits ancestraux. Les femmes ne peuvent s'approcher d'un homme réalisant un objet d'art. Des punitions sévères sanctionnent toute transgression à cette règle.

Les chefs et les prêtres bénéficient du statut le plus élevé. Ils n'accèdent à cette position qu'après un long apprentissage des rites religieux. Les tiki wananga (bâtons divins), enrobés de cordes sacrées et parés de plumes, servent aux prêtres quand ils prient les dieux et les esprits ancestraux d'accorder leur protection à la tribu. Des taumata atua en pierre (dieux des récoltes) sont placés dans les jardins ou à proximité pour accroître la fertilité des pousses.

De remarquables coffres funéraires, creusés en un seul bloc et dotés d'une porte épaisse, contiennent les os des défunts. Les coutumes funéraires maories veulent que l'on enterre une première fois les personnages importants, puis que, un an ou deux plus tard, on récupère leurs os pour les placer dans ces coffreslors d'une ultime cérémonie. L'esprit du défunt voyage alors jusqu'au cap Reinga, à l'extrémité nord de la Northern Island, où il plonge dans les flots, vers l'antique pays de Hawaiki. Les coffres funéraires adoptent fréquemment une forme de pirogue; certains présentent même une quille centrale. Cachées dans des grottes et autres refuges, nombre de ces magnifiques oeuvres d'art ont été découvertes dans le district d'Auckland et beaucoup ont rejoint les musées.

Monuments et cénotaphes de formes variées honorent la mémoire des morts. Il s'agit souvent de totems sculptés de figures humaines stylisées, les tiki, d'autres adoptant la forme d'une pirogue, enterrée assez profondément dans la terre pour pouvoir tenir à la verticale. On érige également des poteaux pour marquer les frontières tribales ou commémorer un événement particulier.

Thèmes artistiques:

Au premier abord, l'art maori peut déconcerter par sa variété. Mais la connaissance d'un petit nombre de symbôles et de motifs révèle une réelle cohésion. Prdédominante dans la plupart des compositions, la forme humaine, ou tiki, représente le premier homme de la mythologie maorie. Le tiki figure les ancêtres et les dieux, il est sculpté dans le bois, la pierre ou l'os, tandis que la néphrite est réservée au hei-tiki (pendentif). Dans les maisons de réunions, les tiki ancestraux ornent les panneaux supportant la charpente ou toute autre partie de la structur. Leur grosse tête stylisée occupe un poteau ou panneau, signe de l'importance accordée à la tête dans les coyances maoris- c'est la partie la plus sacré du corps, avec les organes sexuels.



Publié dans Les maoris

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